Le résumé:
« 10 mars, 11h43. Mélanie Aubant, comédienne prometteuse de 28 ans, meurt brutalement, écrasée par la chute d’un projecteur, en plein tournage du prochain long-métrage dont elle est la tête d’affiche. Une heure plus tard, la nouvelle de sa disparition tragique est relayée par toutes les chaînes d’information. Un retentissement qui sème le trouble dans la campagne de Ghislain Dupuis, pressenti pour remporter l’élection à la mairie de Paris dix jours plus tard. Simple coïncidence ? Pascaline Elbert, journaliste chargée d’écrire un papier sur l’actrice, va, malgré elle, découvrir un lourd secret susceptible de changer la donne du prochain scrutin… »
Ma chronique:
« Ambitions assassines » est paru le 11 avril dernier aux éditions du Rocher. Je remercie Claire Bauchart de m’avoir gentiment proposé cette lecture et d’avoir été très disponible lors de nos échanges.
Tout commence le mercredi 10 mars. Il est 11h43 lorsqu’un projecteur de cinéma tombe brutalement sur la jeune comédienne Mélanie Aubant. En une fraction de seconde, une vie s’arrête et d’autres basculent. Le plateau de l’espace Jean Villeroy des Studios de Paname est évidemment sous le choc. Que ce soit le réalisateur du film dans lequel tournait Mélanie, Julien Bouval, son assistant Gauthier Duremberg, ou encore Rosa, la régisseuse, aucun ne réalise ni ne comprend ce qui a pu se passer. Seul le jeune stagiaire de la costumière ne perd pas le nord et envoie un tweet pour relater l’accident…Triste réalité. Les réseaux sociaux et la presse s’en mêlent. La chasse aux scoops peut commencer; la machine infernale est lancée.
Au même moment, au sein de la rédaction de l’hebdomadaire « En Avant », le chef du service politique Adrien Molans et ses journalistes regrettent surtout que cet accident puisse faire de l’ombre aux deux principaux candidats des municipales parisiennes: Guislain Dupuis et Antonin Coustand, élection qui aura lieu dix jours plus tard. Le directeur de la rédaction, Baptiste du Charrier, demande à Pascaline Elbert, qui s’occupe de la nouvelle rubrique « Tendances et air du temps », de rédiger une nécrologie de la jeune comédienne. Mais cette nécrologie en apparence anodine va relever des secrets que certains auraient préféré garder enfuis…
Bienvenue dans l’univers impitoyable de la politique! Cette incursion de dix jours dans les coulisses d’une campagne électorale m’a totalement conquise. J’ai aimé la construction du récit semblable à un compte à rebours; j’ai eu l’impression d’être au cœur de l’évènement, de faire partie de cette équipe de politiques et de journalistes. La mort de Mélanie Aubant, adulée des ados pour avoir tenu un rôle récurrent dans une série du service public, fait chavirer tout un univers. A travers le décès de cette jeune actrice, Claire Bauchart met en évidence la fine frontière qui existe entre deux milieux perméables: la presse et la politique. Dénonciations, indics, tout est bon pour avoir LA bonne info. Entre les candidats qui cherchent à faire tomber par n’importe quel moyen leurs adversaires et les journaux qui se délectent de ces machinations, la course au pouvoir balaye tout sur son passage. Mais qui gagnera à ce petit jeu?
Au milieu de tout cela, une femme, Pascaline Elbert. Consciencieuse, brillante, Pascaline était journaliste politique avant d’être reléguée (mise au placard) à la nouvelle (et superficielle) rubrique « Tendances ». Ecartée à cause d’un manque de qualifications? Ou d’une remise en cause de ses compétences? Pas du tout! Pascaline n’a qu’un seul défaut: celui d’être une femme et de surcroit une mère! Eh oui, dans l’esprit très étriqué du directeur de la rédaction, Baptiste du Charrier, une jeune mère ne peut pas à la fois avoir des enfants et travailler correctement!! Ainsi, alors que Pascaline était nettement plus qualifiée, le poste de chef du service politique lui est passé sous le nez, au profit d’Adrien Molans, qui a l’avantage d’être de sexe masculin…
J’ai beaucoup aimé ce personnage féminin. Pascaline est une héroïne du quotidien. Maladroite, elle se laisse marcher sur les pieds, et en même temps, dévorée par sa passion pour son métier, elle est capable de braver les interdits et de se mettre en danger pour que la vérité éclate. Pascaline reflète parfaitement les femmes d’aujourd’hui, en perpétuel combat. L’auteure, à travers ce personnage, dénonce avec agilité la place des femmes et le manque de considération qui subsiste toujours…
Je conseille?
Ce roman se lit très vite et très bien. Avec son écriture aiguisée, Claire Bauchart dévoile les dessous d’une campagne politique et montre jusqu’à quel point l’homme est capable de tous les stratagèmes inimaginables pour assouvir une ambitions dévorante. J’ai passé un très bon moment. Unique regret; que le récit soit trop court. J’étais tellement plongée dans ce roman que quelques pages supplémentaires ne m’auraient pas dérangée. Bien au contraire! Petite consolation, l’auteure m’a annoncé que son prochain roman était en cours d’écriture (et qu’il serait aussi plus long!). Affaire à suivre ;))