Roman

Le Bruit des avions de Sophie Reungeot

Le résumé:

« Vendredi 13 – Paris 11e. Audrey s’engouffre dans le premier taxi venu et prend place sur le siège passager. À l’arrière, il y a Laura, qui n’avait pas prévu de débarquer avec une inconnue chez sa mère, au 18e  étage d’une tour au sud de la capitale. 
Ce qui était prévu et ce qui ne l’était pas, c’est tout l’enjeu de cette nuit particulière et de celles qui viendront. Car les heures blanches qui suivent l’attaque au Bataclan agissent comme un révélateur pour ces deux jeunes femmes si diamétralement opposées, qui prennent la mesure de ce qu’étaient jusqu’alors leurs vies. Des vies écrites sur des rêves qui n’étaient pas toujours les leurs et dont il ne reste qu’une empreinte, des costumes endossés malgré les coutures qui craquent, des énigmes familiales jamais percées auxquelles il faut s’atteler. Parce que le temps presse.
Une histoire de providence ? Une amitié comme un coup de foudre pour commencer. Et la route que vont prendre Laura et Audrey au son de vieilles cassettes poussées au maximum. De Paris à Las Vegas en passant par Berlin et Prague, voilà l’itinéraire de deux filles, reliées comme deux sœurs, cœurs siamois bien décidés à profiter de leur liberté, déterminés à s’emparer complètement de leur existence. « 

Ma chronique:

« Le Bruit des avions » est le premier roman de Sophie Reungeot publié le 7 octobre dernier chez HarperCollins.

17 septembre 1986. Christine se prépare pour sortir. Cette jolie jeune femme aime faire la fête avec ses amis et s’enivrer jusqu’au bout de la nuit. D’ailleurs, sa meilleure amie Betty est injoignable depuis quelques heures. C’est étrange car leur bande d’amis devait se retrouver. Quelques instants plus tard, Christine apprend l’affreuse nouvelle. Un attentat a eu lieu au magasin Tati et Betty est touchée à la jambe. Pourtant, au lieu de retrouver son amie à l’hôpital, Christine préfère partir rejoindre son nouvel amoureux, un bel américain…

Près de 30 ans plus tard, nous allons suivre les destinées de deux jeunes trentenaires. Audrey, une architecte d’intérieure, sous le joug d’une patronne despotique et Laura, joueuse de poker mal dans sa peau et fille de Christine.

Le soir du 13 novembre 2015, Laura et Audrey vont se rencontrer ou plutôt se reconnaître. Le Bataclan, les attentats, Audrey réussit à échapper à l’horreur et se retrouve en pleine rue. Laura se trouve au même moment dans la même rue qu’elle avec son taxi et décide de l’emmener chez sa mère.

À partir de là, les deux jeunes femmes vont devenir inséparables. Laura sera un soutien inconditionnel pour Audrey. Leur amitié sera leur force et permettra à Audrey de survivre.

Lorsque Babelio m’a proposé ce roman, j’ai tout de suite accepté. La question de la reconstruction après un attentat, de la survie, m’intéressait beaucoup.  Le résumé était très attrayant. Et pourtant, dès le début, la construction m’a gênée. J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. La cause? Non pas un récit mais deux récits trop différents. D’abord, quelques pages sont consacrées à Audrey, son job, sa patronne tyrannique, son côté petite fille modèle prête à tout pour ravir ses parents. Puis quelques pages sont consacrées à  Laura, la joueuse de poker en pleine déchéance, qui a des relations conflictuelles avec sa mère alcoolique et dépressive. Ensuite vint leur rencontre. Et là d’un coup elles deviennent inséparables. Comme si ni l’une et ni l’autre n’avaient eu de vie avant, pas d’amis, peu de famille. J’ai trouvé cet isolement et leur grande amitié assez peu réalistes. Victime d’un attentat, Audrey ne cherche même pas à retourner chez sa famille mais préfère rester chez une inconnue. Les deux femmes vont dès lors vivre dans une bulle,  centrées sur elles-mêmes.

La seconde partie est cependant plus attrayante. On suit leur différentes aventures (quitte à oublier d’ailleurs qu’Audrey a survécu à un attentat). J’ai eu plus l’impression de lire un roman d’amitié. Audrey va avoir une seule lubie: celle de trouver ce qui est arrivé à sa tante, décédée mystérieusement 30 ans plus tôt. Un faux mystère d’ailleurs vu que l’on comprend rapidement qui était Betty.

Le dénouement m’a déçue. Le récit se termine d’une façon très rapide et trop abrupte. Je n’ai pas du tout compris cette fin qui m’a totalement laissée sur ma faim (c’est le cas de le dire) avec un gros goût d’inachevé.

Je conseille?

Si le postulat de départ laissait entrevoir un récit prometteur, j’ai trouvé ce roman très inégal dans sa construction. Des récits trop différents au départ puis une rencontre un soir d’attentat et le début d’une amitié indéfectible. Beaucoup d’éléments m’ont paru peu réalistes. Et à contrario, ce qui était intéressant n’a pas été assez développé.