Mes chroniques·Roman

Matriochka de Laetitia Ayres

Le résumé:

« Claire a les ailes coupées depuis qu’elle a sept ans.
Comédienne, elle double davantage de personnages de dessins animés dans l’ombre des studios qu’elle ne foule de scènes de théâtre. Sa vie est au point mort. Jusqu’à ce qu’elle rencontre, par écran interposé, l’actrice principale d’une série argentine au succès fulgurant dont elle devient la voix française.

Alma a toujours voulu s’envoler.
Elle a grandi dans un quartier pauvre de Buenos Aires, au sein d’une famille dans laquelle elle ne se reconnaît pas, comme si la vie avait commis une erreur de casting. Elle trouve son salut en devenant actrice. Mais le succès qui lui roule dessus pourrait bien finir par balayer ses ambitions.

C’est dans les dunes qui bordent l’Atlantique, au nord du Brésil, que Claire, son fils Clément et Alma vont se rencontrer. Leurs failles, leurs mensonges et leurs secrets de famille aussi.
Quelles sont les voix qui habitent nos silences ? »

Ma chronique:

« Matriochka » est le premier roman de Laetitia Ayrès paru en janvier dernier aux éditions Michel Lafon.

Claire a la petite quarantaine. Divorcée depuis peu, elle vit seule avec son fils de 7 ans, Clément. Aujourd’hui est un jour un peu particulier pour Claire: elle enterre sa mère, une mère avec qui les relations furent plus que fragiles et complexes…

Après ces épreuves, Claire perd sa voie. Enfin sa voix. Car Claire est doubleuse. En particuliers pour des dessins animés et des licornes magiques. Arrivée à bout, elle remet tout en question. Sa vie personnelle et professionnelle. Claire en a marre de doubler des personnages et de travestir sa voix. En plein questionnement, elle auditionne pour doubler la voix du personnage principal d’une nouvelle série: Diosa. Une série qui peut peut-être lui être salvatrice.

Et là le déclic a lieu. Entre l’actrice argentine et Claire, c’est l’osmose parfaite. La voix de Claire est identique à celle de l’originale. Claire voit alors en Alma son double, une sœur qui viendrait la sortir de sa torpeur et la faire renaître. Aussi, quand Alma a des problèmes, Claire décide d’aller au Brésil dans l’espoir de la voir…

Ce roman a pris une tournure que je n’avais pas envisagée. À travers la figure symbolique de la matriochka, ce roman traite de la question identitaire et surtout celle de la filiation. Que ce soit Claire ou Alma, toutes deux ont eu des rapports conflictuels et très ambigus avec leurs parents. Si pour l’une, la figure maternelle était double; tantôt violente, tantôt adorable, pour l’autre, c’est celle du père qui pose problème.

Si j’ai pu m’attacher à Claire et comprendre ses faiblesses, j’ai eu plus de mal pour Alma. Je n’envisageais pas ce personnage comme il est vraiment. J’avais une image beaucoup plus solaire qu’elle ne l’est en réalité. Alma m’a laissée perplexe. Sans trop vous en dévoiler, je n’ai pas compris ce qui lui arrivait. Je l’ai trouvée trop borderline et aurait souhaité plus de nuances…

Je conseille?

Matriochka soulève la question de la construction identitaire. Quand on a connu une enfance difficile ou qu’on a été élevé(e) par des parents malades ou méprisants, comment arrive-t-on à s’en sortir? Devient-on forcément comme eux? Ou peut-on échapper à cette chape de plomb? Vouloir s’en sortir et pouvoir s’en sortir semblent être deux choses bien distinctes…Un premier roman percutant et perturbant.